La question des altérités et les interrogations connexes autour de l’interculturalité et de la transculturalité occupent depuis plusieurs années une place centrale dans les études germaniques. Cette évolution, relativement récente dans l’histoire longue de la discipline, a conduit à redéfinir de manière profonde ce qui constitue le cœur des études germaniques françaises et de leurs variantes German Studies ou Germanistik et permet de replacer la problématique des transferts et des métissages culturels dans un cadre théorique large. Aux altérités linguistiques, culturelles, ethniques et religieuses, de genre et sexuelles, se sont ajoutées plus récemment les altérités biologiques ou environnementales. 

Le présent ouvrage se propose d’explorer tous ces aspects en convoquant le concept d’« altérisation » (« othering »), particulièrement fécond pour saisir le caractère dynamique de l’altérité, qui est moins un état donné que l’aboutissement d’un processus. Les mécanismes d’exclusion d’individus en fonction de leur appartenance religieuse, culturelle, sociale, genrée ou sexuelle, dont l’actualité ne se dément pas, se jouent et se négocient au quotidien dans les interactions sociales et s’appuient sur des affects et des émotions, ainsi que sur des systèmes de catégorisation en apparence fixes et connues, qu’il convient d’interroger.